Il existe, dans les cercles stratégiques occidentaux, une vision et une ligne d’action qui tendent à affaiblir, contenir, voire fragmenter la Russie et la Chine.
On peut dire que Objectif stratégique principal de l’Occident (surtout des États-Unis) est surtout de Conserver l’hégémonie mondiale en empêchant l’émergence de puissances rivales capables de remettre en cause l’ordre mondial libéral.
Ce n’est pas toujours présenté comme un plan officiel de “démantèlement” dans le langage politique public, mais on trouve des doctrines, documents stratégiques et prises de position qui vont clairement dans ce sens, surtout dans les milieux militaires, géopolitiques et de renseignement tel que les doctrines Brzezinski, les rapports du Pentagone, ou les doctrines NATO 2030, ou encore les rapports de la RAND Corporation
1 Les objectifs occidentaux vis‑à‑vis de la Russie
Historiquement, depuis la fin de la Guerre froide, plusieurs doctrines occidentales considèrent qu’une Russie puissante, unifiée et indépendante représente un défi stratégique.
But implicite ou explicite :
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Réduire la capacité militaire et d’influence internationale de Moscou en affaiblissant son armée et ses capacités technologiques (via sanctions, guerre économique, guerre de l’information).
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Limiter son contrôle sur ses zones d’influence (Europe de l’Est, Caucase, Asie centrale).C'est a dire, réduire son influence sur l’espace post-soviétique (Ukraine, Caucase, Asie centrale) et le détacher ses alliés (ex : Biélorussie, Serbie, Kazakhstan) .
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Empêcher l’émergence d’un bloc eurasiatique concurrent à l’OTAN et à l’UE.
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Fragmenter l’État russe ou favoriser une transition interne qui le rende plus dépendant de l’Occident en favoriant une instabilité interne qui pourrait mener à un changement de régime (régime change).
Références stratégiques :
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Rapport RAND Corporation (2019) : « Extending Russia: Competing from Advantageous Ground » → décrit comment exploiter les vulnérabilités russes (économiques, politiques, militaires) pour provoquer un affaiblissement prolongé.
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Doctrine Brzezinski (The Grand Chessboard, 1997) : insiste sur la nécessité d’empêcher la Russie de redevenir un empire continental.
2 Les objectifs occidentaux vis‑à‑vis de la Chine
La Chine est vue comme le concurrent systémique principal depuis environ 2017 (National Security Strategy américaine sous Trump, confirmée sous Biden).
But implicite ou explicite :
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Freiner sa montée en puissance économique et technologique (semi-conducteurs, IA, télécoms/Huawei).
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Réduire son influence dans la zone indo-pacifique (containment maritime).
Couper sa projection économique mondiale (Initiative “Belt and Road”, influence en Afrique, en Asie et en Europe).
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Encourager des fractures internes (Tibet, Xinjiang, Hong Kong, Taïwan).
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Isoler Pékin diplomatiquement en formant des coalitions régionales hostiles (AUKUS, Quad, OTAN Indo-Pacifique).
Réduire sa capacité d’influence dans les institutions internationales (ONU, OMS, FMI…)
Références stratégiques :
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US National Defense Strategy (2022) : désigne la Chine comme “le défi à long terme le plus important”.
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Rapports think tanks US (CSIS, Atlantic Council) : recommandent un découplage technologique et la constitution d’alliances pour limiter la projection de puissance chinoise.
3 Une logique commune : éviter un bloc Russie‑Chine
Les stratèges américains et européens craignent l’émergence d’un bloc eurasiatique intégré, combinant :
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ressources énergétiques russes,
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puissance industrielle chinoise,
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coopération militaire et diplomatique.
Cette alliance pourrait :
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défier le dollar comme monnaie de réserve mondiale,
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réduire l’hégémonie américaine dans les instances internationales,
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affaiblir l’OTAN et l’UE.
4 Les moyens employés (doctrine hybride)
L’Occident emploie un mélange de pressions économiques, politiques et militaires :
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Sanctions économiques massives (Russie) et restrictions technologiques (Chine).
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Guerre informationnelle : médias, réseaux sociaux, diplomatie publique.
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Soutien aux oppositions internes (ONG, médias indépendants, exilés politiques).
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Encerclement militaire : élargissement de l’OTAN à l’Est, alliances en Asie-Pacifique.
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Exploitation des fractures internes (ethniques, religieuses, régionales).
5 Est-ce un "projet de démantèlement" ?
Officiellement, non. Les puissances occidentales ne déclarent pas vouloir la partition de la Russie ou de la Chine.
Mais certains experts, think tanks ou stratèges l’évoquent officieusement, notamment :
Pour la Russie : résurgence des thèses sur une “Russie éclatée” entre entités ethniques ou régionales (Caucase, Sibérie, Tatarstan…).
Pour la Chine : appui discret à l’autonomie ou indépendance de Taïwan, Tibet, Hong Kong, ou la dénonciation de la politique au Xinjiang.
6 Pourquoi ce projet n’est pas officiellement assumé :
Ce serait une violation flagrante du droit international.
Cela justifierait la guerre ou la répression de manière légitime par Moscou ou Pékin.
L’opinion publique mondiale y serait largement opposée.
7 Mais du point de vue russe ou chinois :
Ils perçoivent clairement une volonté occidentale de les affaiblir voire de les “casser”.
Poutine parle souvent de “stratégie d’encerclement” et de tentative de “démembrement”.
Le PCC accuse les États-Unis de “vouloir endiguer et contenir la Chine à tout prix”.
8 Conclusion
Il ne s’agit pas toujours d’un document unique disant “démanteler la Russie et la Chine”, mais plutôt d’une convergence doctrinale et opérationnelle dans les stratégies occidentales pour affaiblir ces puissances, les isoler, et empêcher leur émergence comme pôles dominants alternatifs.
On peut dire, qu'il n’existe pas un plan officiel occidental de “démantèlement”, mais des stratégies d’endiguement, de containment, voire d’asphyxie économique, politique et militaire de la Russie et de la Chine. Ces stratégies peuvent avoir pour conséquence indirecte un affaiblissement profond, voire une fragmentation, si ces pays deviennent instables intérieurement.
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